En ce 11 novembre 2017, on retourne 100 ans en arrière avec le livret joli, contenant les photos de guerre prises par mon Grand-père maternel :
Et aussi un petit trésor, un petit carnet noir où il a écrit ses notes de guerre,
durant les années 17 et 18 :
Affecté comme médecin auxiliaire au 3 ème bataillon du 171 R.I, il se trouve le 13 Mars dans le secteur de Soupir où la bataille du chemin des Dames fait rage.
Le 23, il est cité à l'ordre du régiment :
Château de Soupir, dans l'Aisne, en avril 17.
Il sera complètement détruit quelques jours plus tard.
Le 24/03, il écrit :
"A 16 h 30, les boches à droite de Soupir commencent un tir très violent. Torpilles et obus. A la nuit tombante, fusées rouges et vertes, prises par nous pour une alerte aux gaz. Tir de maigre barrage. 35 pertes dont le lieutenant Jacques et le sous-lieutenant Crétin, tués dans leur abri "
Le 8 avril, au poste de secours d'Augy, il écrit :
"L'offensive est proche, nous serions à J-3 ou J-4. Les 1er et 3ème bataillons seraient réserves d'Armée, le 2ème avec deux bataillons de Sénégalais et 3 bataillons de territoriaux forment le détachement Méchet qui irait en deuxième vague. Nous aurions 100 divisions d'attaque. Le médecin-chef dit que l'on aura déjà prévu l'installation d'ambulances à Ostel. Le jour J, il y aura un groupe de 75 à la grille de Soupir et un au village nègre"
Le 15 avril à 19 h, départ avec le second bataillon.
"Nous nous installons à 4 h du matin, éreintés et trempés car la pluie n'a pas cessé jusqu'à 6 h."
Le 16 Avril, c'est le début de l'offensive Nivelle :
"A 4 h, c'est l'heure H, l'artillerie tape fort, nous sortons, les mitrailleuse boches tapent dur, on voit nos tirailleurs grimper le Mont Sapin"
Dans l'historique du 171e Régiment d'Infanterie, il est expliqué que les Allemands ont abandonné les bords de l'Aisne et se sont repliés sur leurs formidables positions sur le Chemin des Dames.
Aussi, le 4 Mai, ordre est donné de les attaquer.
Dans le livret noir, je lis :
"Dans une heure, l'attaque se déclenchera. Je suis installé aux anciens abris de 77 au tournant du ravin depuis hier soir. Poste central à la creute de Rochefort "
Creute (souterrain) de Rochefort
"A 9 h, l'attaque se déclenche, des blessés arrivent, annonçant assez vaguement le Chemin des Dames dépassé. "On est aux lisières de Filain, près du réservoir, etc ...". On apprend vers midi que le 2ème bataillon à droite, le premier à gauche et le 3ème en arrière ont dépassé le Chemin des Dames mais la ferme de la Royère tient toujours.
La Royère est un nid de mitrailleuses, on laisse sur les pentes nord pas mal de blessés dans le repli.
De nombreux blessés passent, 85 jusqu'au lendemain dont environ 30 boches.
Nombreux prisonniers, 500 pour le régiment. Nous les gardons jusqu'au surlendemain. Caporal brancardier et 3 infirmiers boches nous aident. Le moral des prisonniers est bas, ils ne croient pas à la victoire et sont obséquieux et bas."
Le Régiment reste au Chemin des Dames jusqu'en juin puis part pour les Vosges, dans la région de Saint Dié.
Le 13 juillet, il écrit dans son livret :
"Nous montons en ligne ce soir, cerises et sapins"
Le 31 Octobre :
"Coup de main sur Herbaupaire, 1 officier, 6 hommes tués, 6 disparus sans résultat.
Il y a eu deux alertes aux gaz dans la journée"
Grand-Père, 23 ans en 1917
Bon 11 novembre et bisous
J'aime beaucoup quand tu partages avec nous ces moments difficiles qu'a vécu ton grand-père. Tu as un trésor qu'il faut conserver. Je suis sensible à cette guerre 14-18 car originaire de la somme, cette bataille est partout autour de la maison de mes parents et par ces témoignages, on se rend compte de l'horreur qu'ils ont vécu.
RépondreSupprimerC'est un moment qu'il ne faut pas oublier au même titre que la guerre 39-45.Préservons ce 11 novembre dans notre calendrier.
Bon WE
Ces souvenirs sont précieux Sylvaine, surtout maintenant qu'il n'y a plus de poilus vivants, et tu les fais merveilleusement bien revivre.
RépondreSupprimerBon weekend,
Aude.
Voilà un bel hommage à ton grand-père et à travers lui, à tous les soldats, quel que soit leur camp.C'est émouvant et tellement prenant.C'est du vécu que nous pouvons partager et ainsi, nous rendre compte de l'horreur et du courage de tous ces hommes.
RépondreSupprimerChaque année, à la Toussaint, je vais voir les tombes de soldats enterrés dans mon village pour les remercier de nous avoir permis d'être libre.
Merci encore Patou.
Marie-Elisabeth
Que c'est émouvant de lire ces notes de ton grand-père. L'as-tu connu? Ses témoignages sont vraiment précieux. Je connais bien le Chemin des Dames qui n'est pas très loin de chez moi et chaque fois que je m'y rends c'est la même émotion. Tous ces jeunes hommes qui sont morts à cause des décisions impardonnables des généraux. Quel gâchis! Merci Sylvaine pour ce partage
RépondreSupprimerOui Judith, je l'ai bien connu, il est décédé en 78, j'avais 19 ans.
SupprimerBonne journée et bisous
De magnifiques photos souvenirs et une page de notre histoire que nos petits-enfants doivent connaître et ne pas oublier !!@
RépondreSupprimermerci pour ces beaux souvenirs
Le grand-père et tous nos poilus reposent en paix
C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai lu ton article.
RépondreSupprimerUn bel hommage que tu fais là à ton grand-père.
Bonne journée Sylvaine.
C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai lu ton article.
RépondreSupprimerUn bel hommage que tu fais là à ton grand-père.
Bonne journée Sylvaine.
Des notes précieuses ... tu fais revivre ces moments difficiles avec toute la délicatesse qui te caractérise. Gros bisous
RépondreSupprimerC'est un véritable trésor que tu possèdes Sylvaine, ces écrits et ces photos nous montrent une effroyable vérité: nos proches se sont battus dans des conditions terribles pour notre liberté. Lire ces lignes a été un moment poignant, merci de nous l'avoir permis.Bises
RépondreSupprimerMagnifique de partager ce véritable trésor. Il faut transmettre ce message aux générations futures qui n'auront pas eu de vive voix un récit d'un grand-père et qui si on ne leur rappelle pas oublieront ce qui c'est passé et grâce à qui nous pouvons à présent vivre en liberté. Merci Sylvaine
RépondreSupprimerun bel hommage pour ton grand-père mais aussi pour tous ces poilus morts pour des ordres
RépondreSupprimeridiots, j'ai vu derniérement le film Au revoir la haut qui traite de cette guerre j'ai adoré et une fin très morale ! Bonne soirée ! Bises . Colette
Nous l'avons vu aussi et nous l'avons beaucoup aimé. J'avais lu le livre il y a quelques années et je n'ai pas été déçue du tout par le film.
SupprimerBisous
Félicitations pour le travail de documentaliste. Mon grand père était à Verdun, malgré qu'il était père de famille, en 1917 il avait 31 ans. Je n'ai plus ses lettres et carnets : ils ont été remis à mon neveu qui est un féru d'histoire.
RépondreSupprimerJe peux à nouveau naviguer sur le web grâce à la fibre.
Bises
Merci Sylvaine de partager avec nous le témoignage de ton grand père. C'est un précieux trésors que tu as la. Ces hommes ont beaucoup soufferts et malheureusement ceux qui ont survécu ont été marqués à vie dans leur chair ou leur esprit. Mon arriere grand père est revenu mais alcoolique, malade des nerfs et des poumons. Il mourra de tout cela plus tard. Je ne l'ai pas connu. Les vivants d'aujourd'hui ne doivent pas les oublier. Merci Sylvaine pour eux. Bisous
RépondreSupprimerMerci de tout coeur Sylvaine pour tout ce travail aussi que tu as fait en mettant en ligne ces textes, ces photos, en intercalant tes commentaires pour améliorer la compréhension des lecteurs et lectrices de ton blog. J'ai été aussi touchée qu'édifiée par cet article. Lys92
RépondreSupprimerMerci de nous partager à chaque 11 Novembre les archives , photos , témoignages de ton grand -père .
RépondreSupprimerIls sont précieux , et tellement chargé d'émotions je suppose !
Continuons de transmettre ces histoires aux générations futures ...
Je lis ton article seulement maintenant mais c'est beaucoup d'émotion que génèrent ces mots de ton grand-père. Tu fais bien de les partager pour ne pas oublier. Si seulement cela pouvait servir de leçon!
RépondreSupprimerBisous et beau week-end Sylvaine