Depuis quatre ans, je sors le livret joli pour scanner les photos de guerre prises par mon Grand-Père maternel et depuis l'an dernier, je me plonge dans son carnet de notes.
De 1918, on a retenu l'Armistice mais l'année avait très mal commencé.
Le 3 Mars, L'Allemagne et la Russie bolchevique ont signé l'armistice au Traité de Brest-Litovsk, il n'y a plus qu'un front à l'Ouest et le général Ludendorf lance une grande offensive le 21 mars pour enfoncer les lignes alliées. C'est la seconde bataille de la Somme.
THORY
Le 29 Mars, le 3ème bataillon du 171 RI arrive à la gare d'Ailly sur Noye dans la Somme pour rejoindre la ligne de front à Thory.
Grand -Père écrit dans son carnet :
" Nombreux réfugiés à la gare et sur les routes. Croisé des colonnes anglaises en retraite. Les anglais ont très mal tenu face à l'attaque boche qui progresse à la mitrailleuse, grenades et bombardements d'avions. Des isolés égarés et fuyards un peu partout "
Le village de Thory avant les bombardements :
"Le 29 au dîner, le Colonel vient appeler le Commandant Blavier dans la cuisine. Celui-ci revient et nous dit : "Vous savez, les boches sont à 1500 m d'ici, ils occupent Mailly. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un devant nous"
Le 30, bataille.
"On apprend que le commandant Blavier est blessé. J'accompagne les brancardiers pour vainement rechercher un blessé signalé".
Les jours suivants, Thory est bombardé sérieusement.
"Le 3 au soir, on fait 2 prisonniers qui annoncent une attaque le lendemain".
Le 4 au matin, bombardements des lignes et de Thory très violents.
" Attaque dès 8 h du matin avec gros effectifs. Nous tenons et 4 attaques se brisent mais à gauche de la route vers Thory, les chasseurs reculent. Le soir, de ce côté, les boches ne sont qu'à 400 m de Thory.
La droite de la route n'a pas bougé malgré des pertes sérieuses. Les boches restent près de nos lignes, ils ont subi des pertes très sérieuses par mitrailleuse et notre barrage de 75, très nourri.
Commandant Blavier, blessé, Tarteret tué.
Le 6, Dumac est tué."
Le carnet noir s'arrête là. Il y en a eu sans doute un ou deux avant, et un après mais nous ne les avons pas. Pour Grand-Père, la guerre continue, il aura deux autre citations et il a pris quelques photos.
CANTIGNY
Début de la défaite allemande
Juillet/Août 18
Château et église de Villers Tournelle :
Début Août, reprise du ruisseau des Trois Doms à Framicourt .
Passage du ruisseau le 10 Août :
Eglise de Mondidier
10/08/18
Et de Coulemelle :
27 Août, prisonniers allemands :
Et 155 Schneider, obusier français :
Et dans le carnet :
Bisous et très bon dimanche.
Ces documents que tu possèdes sont émouvants et très précieux, c'est vital d'entretenir la mémoire, avec ce monde qui tourne fou on a l'affreux sentiment qu'il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il s'embrase.
RépondreSupprimerBon dimanche Sylvaine.
Quel drame, quelles horreurs, et quelle belle écriture !
RépondreSupprimerTrès beau devoir de mémoire...
Je t'embrasse
Bonjour Sylvaine! C'est très touchant et...troublant, toujours!
RépondreSupprimerQue les générations qui nous suivent n' aient pas un jour à tenir des carnets de mémoire.
Merci aussi pour ce partage!
Bises,
Carole.
c'est très émouvant, et ça rend encore plus vivant ce qu'on n'a pas connu
RépondreSupprimerSophie C
Ton billet est très émouvant Sylvaine … beaucoup de familles meurtries n'ont de souvenirs des leurs que par ces notes ou couriers, car à cette époque la communication était quasi nulle .
RépondreSupprimerUn carnet si précieux pour toi et les tiens, merci d'en avoir partager quelques extraits avec nous .
Bonne fin de journée Sylvaine en ce temps de grisaille par chez nous !
Nicole
Quel précieux témoignage de ton grand-père. Tout devient plus immédiat, plus proche. Ton grand père a dû à avoir beaucoup de travail après la guerre avec tous les blessés qui revenaient du front. Merci pour ce partage Sylvaine. Bises
RépondreSupprimerLe témoignage de ton grand père est précieux. Il nous raconte l'horreur qui n'aurait jamais dû être et jamais dû se reproduire. Grâce au travail de mémoire que tu fais c'est notre histoire à tous que nous avons la. C'est très émouvant. Tu as lå un trésor. Bisous
RépondreSupprimerBonjour Sylvaine .Ce sont des souvenirs précieux qui rappellent une époque effroyable .C'est touchant vos articles tout les ans et merci pour le partage .Ce matin les jeunes qui ont lu en différentes langues des lettres de soldat à leur famille était un très beau moment .
RépondreSupprimerBisous Sylvaine
c'est franchement très très intéressant
RépondreSupprimermerci de partager avec nous
bonne soirée
Coucou Sylvaine ,
RépondreSupprimerComme chaque 11 novembre , ton billet est toujours aussi touchant , poignant ...
Cette ligne du 11 novembre sur le carnet de ton grand Père est émouvante et imaginer ton Grand-Père écrire cette phrase me retourne un peu les sangs <3 <3
Belle soirée à toi .
Bises
Quelle chance de posséder ces trésors du passé, un relais entre nous et eux qui ont tant souffert pour la guerre..
RépondreSupprimerCe matin nous sommes allés sur la tombe d'un aieul retrouvé au cours de nos recherches généalogiques, il était moins une que la tombe disparaisse...
Conserve bien ce carnet de ton grand père, c'est une vraie page d'histoire à protéger et à transmettre
Bises et belle soirée
Merci de partager ces photos que ton grand-père a tirées pour que l'on n'oublie jamais les désastres engendrés par la guerre. Les écrits de sa main doivent être bouleversants pour toi. Bises Sylvaine
RépondreSupprimerCe sont des archives très précieuses. Il faudrait peut être en faire copie pour les archives en bibliothèque ou université. Il faut laisser des traces quelque part ! Je pense que certaines structures sont à la recherche de ce type de document ! Bises
RépondreSupprimerC'est très émouvant. Ce qui nous semble loin nous revient en pleine figure.
RépondreSupprimerPascale a raison : les scanner et les transmettre?
Bisous
Elles sont extraordinairement précieuses tes archives...
RépondreSupprimerMerci de ces précieux témoignages qui sont extrêmement importants pour se souvenir. Se souvenir de cette atrocité pour ne pas qu'elle se reproduise. MERCI. Bon WE
RépondreSupprimerQuelle richesse et quel témoignage qui nous reste aujourd'hui, que faisait ton grand-père pour qu'il note précisément cette période difficile et horrible? D'après ce que je vois, il était brancardier. C'est toujours étrange pour moi de lire de tels témoignages car les lieux cités sont proches de ma ville d'origine. De ma chambre, j'avais vu sur le mémorial australien où des milliers d'hommes d'origine multiples se sont faits tués. Merci de nous montrer chaque année un peu plus de ton formidable carnet qu'il faut conserver précieusement. Bon dimanche
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